Tu le ressens comme cela arriver, lorsque ton corps est contenu dans l’ambivalence de l’électrique et de l’apaisement. Il te suffit d’un mot, d’une discussion, d’un regard, et tu peux te transformer en soir d’orage. Tu l’entends, au loin, qui gronde, et les sons se font de plus en plus forts. Tu sens que l’éclair va arriver, cette décharge dans tout ton être qui te fera passer de l’autre coté, celui de la vulnérabilité. Et lorsque l’éclair arrive, c’est le tonnerre, ce cri mélangé à la pluie des larmes. Ton corps a porté un trop plein de nuages, ta météo fut trop ambivalente ces derniers temps, passant sans raison aucune de la brume au soleil, de la grêle à la douceur, de l’arc en ciel à la nuit noire. Puis est arrivée la force du vent, ce mot, ce geste trop doux, ce regard trop tendre, balayant tout sur son passage, purifiant ton monde trop chargé, caressant le ciel de ton âme trop prise à des tourments insensés, conséquences d’un cosmos instable et absurde.
Orage
Tu t’es éclipsée, dans les jours des mois d’hiver, loin de nos montagnes enneigées et de nos villes grisailles, tu t’es éclipsée vers le grand Sud, vers les grandes mers, méditerranées, mortes, rouges, vers les déserts, les territoires en conflits, les troupeaux de chèvres, et à l’ombre des oliviers, sur tes collines millénaires, tu nous a envoyé des sourires et des messages de joie, dans tes vocaux téléphoniques et tes pensées solaires.
Je le sais, j’étais connecté à toi.
L’amant seul
Tu t’es improvisée bergère, cuisinière, hôtelière et fabricante de marionnettes, auto-stoppeuse dans des territoires instables, dormant chez des inconnus, journaliste, musicienne, mais aussi femme en quête. Tu as fais des rencontres merveilleuses et puis tu as décidé de partir du pays un jour de soleil, de prendre un vol, tu es partie, frustrée, tu es revenue en avion un an après, pour mieux repartir, puis mieux revenir, trop curieuse, aimant ce rythme intense, tu as commencé alors à te construire une vie, des repères stables, un quotidien plaisant, à vouloir rester cette fois, mais tu as du repartir de nouveau, dans l’idée de vite revenir. Tu n’es jamais revenue. Tu as tout déconstruit.
Si on parle d’aller simple
C’est parce que les retours sont toujours compliqués.
Faire un choix
Quel visage voudrais-tu voir à ton miroir ?
Quel décor à ta fenêtre ?
Ta vie est une succession de secondes qui t’échappent.
Tu sais que le décor importe peu
Tant que la lumière ris sur ton visage
Et dans ton être intérieur.
Tu as compris que le premier endroit où vivre
Était ton corps
Et qu’il était une priorité alors
D’en prendre soin.
Toi qui fut éparpillée
Entre milles feux
Il t’aura fallu quelques années
Pour recoller les morceaux de ton puzzle.
Je crois qu’il ne manque aucune pièce
(Ou presque!)
En tout cas l’image
Deviens plus nette.
Reconnexion profonde
Maintenant que le métropolitain est blindé
A la station Sainte-Placide
Et qu’il ne te reste qu’à attendre ou marcher
A l’heure de pointe
Sous la pluie
Tu te demandes si dans ce contexte
Ta lumière restera longtemps.
Tu as conscience
Que les corps qui t’entourent
Se trompent dans leurs diligences
Qui masque le contour
De leurs quotidiennes errances.
Tu semble avoir compris le sens
Mais t’acharne à vouloir prendre
Le chemin opposé, te trompant de sortie
Tu as la sensation
D’avoir loupé quelques stations.
Quand tout va trop vite
Mais l’intensité de vie te manque
Et les portes du métro te laissent
De marbre.
Tout est trop calme
Tu ouvres la porte et te reviennent les odeurs
Anciennes que tu pensais avoir oublié.
Des années après.
Rien n’a changé à la maison.
Le calme règne en maître et les visages
Heureux de te revoir
Semblent ne pas avoir été trahis pas le temps.
Les escaliers de bois qui craquent sous tes pieds
La cheminée et le chien qui lui semble avoir trop couru dans le jardin.
La table familiale et la vieille horloge au dessus de la cuisine.
Tu partages le dîner avec les tiens
Sans trop de questions
Dans le calme assourdissant de cette maison de campagne.
Tu te sens bien et étrangère à la fois
Dans ce contexte familier.
Tu as la sensation d’avoir échoué.
Tu as échoué.
Tu iras dormir longtemps après le repas, et tout ira mieux.
« Je reviens vivre chez vous à durée indéterminée ».
A way back home
Un jardin.
Une terre sombre, noire, et de cette terre jaillissent des fleurs aux parfums merveilleux et aux couleurs exaltantes.
Et dans ce jardin, toi, inconnue, sombre comme la terre, splendide comme les fleurs de jasmin,
« Qui es tu ?
J’aime le silence.
Viens t’asseoir auprès de moi. »
L’arbre centenaire
Le sol est tapissé de ta sueur, tu danses, tu craques, tu exploses, tu pètes littéralement un câble, tu bois et tu danses et tu hurles, et tu t’en fous du reste, tu emmerdes le monde, et ceux que tu aimes et que tu détestes, tout ce que tu fais, ton quotidien, ton loyer à payer, tu n’en a absolument plus rien à foutre, tu flambes ta carte bleue, tu embrasses ta pote et tu continues de danser, rien n’a plus d’importance que le moment présent, tu pourrais rester ainsi pour l’éternité.
Le club ferme, tu prends un train et tu te barres à la mer.
Et tu dors.
Lâcher prise
Allongée sur le parquet, tu écoutes le craquement des pas et observe les pieds de tes camarades d’atelier de relaxation.
Tout est calme.
Tu t’apaises, enfin.
Tu prends conscience de chaque partie de ton corps, de chaque douleur articulaire, musculaire, émotionnelle, de chaque pensée qui te traverse, et ta respiration se fait davantage profonde, abdominale.
Tu souffles.
Tu ouvres ton plexus solaire.
Tu prends conscience que ton travail ennuyant et ton quotidien surbooké ne te conviennent plus.
Ta vie est un savant mélange de burn out et de bore out.
Tu aimerais renaître.
Born out
Même dans ta salle de danse, dans ton club, dans ton jardin
Peu importe ton état ou le vol que tu prends.
Tes réussites, tes échecs.
Je me sens toujours connecté à toi.
Tes messages de joie me manquent.
Viens te balader avec moi.
L’amant toujours seul